Comme chaque année, les marcheurs de Notre-Dame participent en groupe constitué au petit tour en ville.
Départ de la place verte après la messe mais au carrefour de la rue du Quesnoy, 20 marcheurs quittent le groupe pour couper le circuit jusque la place d'armes. Là, il attendent l'arrivée de la statue pour ensuite assurer le portage jusque la place St Nicolas. Chacun des 6 porteurs supporte 20Kg, au dela de l'aspect physique le portage a une dimension spirituelle et émotionnelle.
Un très beau texte rédigé par un de nos porteurs :
La statue vacille, s'arrête et penche. « Changez ! » commande une voix ferme. Dans une précision mathématique, les corps se frôlent, les bras s'échangent, les épaules se recalent sous une vingtaine de kilos. Trois à l'arrière, trois à l'avant, la statue repart voguer sur la houle pieuse de la foule.
Marie est heureuse. Sa grâce à elle, son truc, sa façon de faire, son impératif, c'est de visiter. Elle ne peut faire autrement, c'est plus fort qu'elle : elle visite. Pas une maison valenciennoise, pas une famille, pas un malade, pas une solitude devant laquelle elle ne s'incline. Derrière son Saint Cordon, c'est toute la cordée humaine qu'elle entraîne vers son fils Jésus. A la fin personne ne manquera. Le mot visite est devenu trop petit : on dit visitation...
Et tout cela grâce à qui ? Grâce aux porteurs, femmes ou hommes. Les trois de l'avant sont glorieux, fendant la foule sous les regards admiratifs. Les trois de l'arrière sont comme matelots dans une salle de machines. Ils ne voient rien, ne ressentent que les secousses du chemin et les saccades du brancard sur leurs échines. Ils ne font plus que porter. Mais c'est le meilleur endroit, le nez sur les bouquets de fleurs déposés par les fidèles. En levant les yeux sur l’immense manteau tissé de « haute lisse » en nuances de couleurs subtiles et dominé par la couronne, le porteur s’isole de la foule. Il entre en intimité avec Marie. Parfois Marie, qui sait ce que c'est que porter, elle, la porteuse de Dieu dans son ventre, vient y visiter ceux et celles qui la portent et l'apportent à tout être croisé sur le chemin.
A cet instant même, notre cœur, comme celui de Nathalie, ou de Marie-Claire, ou de Laurent qui portait pour la première fois, est empli d'une joie ineffable. Nos pieds quittent le sol : Marie nous porte...